Anecdotes d’entretien

Cliquez sur les titres pour découvrir des anecdotes en français (fr.) ou en patois (pat.) !

Les épis de blé (fr.)
Hubert Ackermann nous raconte les travaux liés aux épis de blé.

« Moi, la moisson, je me souviens de l’avoir fait, d’avoir fauché avec ain·ne fâ (une faux), d’avoir fait des djîrbe (gerbes)… lié les gerbes avec des cordons qu’on avait sur le cou, puis après on liait les gerbes. Et après on dressait ces gerbes, on faisait des moyettes, des moyettes : on appuyait trois-quatre gerbes contre une, puis après on appuyait une qu’on faisait un chapeau dessus. Et puis quand… quinze jours, trois semaines après, qu’il faisait beau, on allait étaler tout ça, ça séchait, et puis on rentrait tout ça à la grange. Et puis dans le courant de l’hiver, on reprenait ça sur le corps et puis on les mettait dans le battoir… Ouais, on a manipulé… Quand je pense, un épi de blé, j’entends, il était fauché, il était lié, il était remis pour sécher, transporté à la grange, repris dans la grange, mis dans le battoir, puis après seulement… séparer le grain de la paille… Ces opérations ! »

Le coq et le loup (fr. et pat.)
Pierre Gogniat raconte une blague sur labstinence de viande traditionnelle du vendredi.

« Y a un loup qui dit à un coq : “Te peu déchandre, i n veu p te maindgî, s â vardi (tu peux descendre, je ne vais pas te manger, c’est vendredi) !” Parce que le vendredi à l’époque, on mangeait pas de viande ici. »

Une chanson : le Bon Roi Dagobert (pat.)
Denis Frund chantonne la célèbre comptine du Bon Roi Dagobert en patois.

« Le bon roi Dagobèr é bòtê sè tyulate è l’envî. Le gran Saint-Éloi yi di : “ô, mon roi, votre madjèsté â mâ tyulotê. — S â vrai, yi di le roi, i veu lè rebôtê daidroi.” »

Une fable : la Bise et le Soleil (pat.)
Georges Lièvre récite une fable d’Ésope en patois de Fontenais.

« Lè Bije é l Sòroiye. Lè bije é l sòroiye seu tchikoinïn, tyétyun èchurain k èl étè l pu foûₑ. Tyain k èl – aint vu ïn vouèyèdjou k s èvainsè, véti dain son mainté, è son tchouè d èkoû keu stu k èrivrè l premî è i fère rôtè son mainté sèrè èrkògnu kman l pu foûₑ. Dadon lè bije s a bòtê è çhoûçhê deu tòte sé foûₑch, è peu pu èl çhoûçhê, pu l vouèyèdjou sèrè son mainté atouè d lu. Finalement, èll é èratè deu yi fère rôté son mainté. Dâli l sòroiye è kmansè è briyî, è peu â bou d ïn moman, l vouèyèdjou, rètchâdê, rôta son mainté. Dâli lè bije è dèvu rkouégnâtre keu l sòroiye étè pu foû. »

« La Bise et le Soleil. La bise et le soleil se disputaient, chacun assurant qu’il était le plus fort. Quand qu’ils ont vu un voyageur qui s’avançait, vêtu dans son manteau, ils sont tombés d’accord que celui qui arriverait le premier à lui faire ôter son manteau serait reconnu comme le plus fort. Alors, la bise s’est mise à souffler de toute ses forces, et puis plus elle soufflait, plus le voyageur serrait son manteau autour de lui. Finalement, elle a arrêté de lui faire ôter son manteau. Alors le soleil a commencé à briller, et puis au bout d’un moment, le voyageur, réchauffé, ôta son manteau. Alors la bise a dû reconnaitre que le soleil était plus fort. »

Les premiers habitants des Genevez (fr.)
Denis Gigandet raconte l’arrivée des premiers Gigandet aux Genevez.

« Les Gigandet, s’â dé djan, s’â dé – c’étaient des gens qui étaient chassés de la Savoie, ils étaient chassés et puis ils émigraient, ils se sauvaient. Alors, il y a deux mille ans, il n’y avait ni chemin ni rien du tout, il y a des jours, vous faisiez dix mètres, et puis des autres jours, eh bien, vous pouviez faire un kilomètre hein, il fallait pouvoir couper ces arbres, ils avaient des espèces de manchettes comme les Indiens, et puis ils frayaient leur passage, ils cherchaient les endroits pour arriver, ils montaient bout par bout. Et à fur, à mesure qu’ils montaient contre le nord ici, eh bien, le troupeau, si on peut appeler ça, le contingent des émigrés diminuait. Il y en a qui mouraient, qui n’avaient plus de force.

Parce que les premiers Gigandet qui sont arrivés aux Genevez sont arrivés en 1380. Ils étaient un groupe au Fond de la Fin, ils sont arrivés dans un endroit marécageux : il fallait de l’eau. Il fallait de l’eau aux gens hein, quand tu n’as que de l’herbe, des bouts de bois sucés ou quelques graines, il faut de l’eau, c’est le principal. Alors, il y avait de l’eau là, c’était un marécage.

Ils sont arrivés là, ils se sont installés sous des branches, ils ont, par la suite, ils ont construit une chapelle, une chapelle. L’homme sait qu’il y a quelque chose au-dessus de lui, qu’il y a un dieu, peu importe, au-dessus de lui et qu’il doit se protéger. Alors, il se protège avec les dieux, le vent, le tonnerre, le ciel, le chaud, le froid, tout ! Alors, ils se sont protégés, là, ils ont construit une chapelle, avant que le monastère de Bellelay soit construit. Ils étaient déjà là avant les moines de Bellelay. Les moines de Bellelay ont commencé en l’an 1110, 1111, ces gens étaient déjà là.

Ils ont attrapé après la – pas la fièvre – la peste, bien sûr, là, dans ce trou, à l’humidité, je peux vous montrer tout ce commerce. Dans ce trou, ils sont venus malades, et ceux qui tenaient encore debout ont remonté la “gréchatte”, la côte, pour aller au plat, au sec, à côté d’une mare, d’un laité. Le laité, vous savez ce que c’est ? C’est une mare, une mare d’eau continue qui s’approvisionne avec la montagne qui remet son eau là. Alors, il y avait le Gros Laité et le Petit Laité. Alors, les gens, ils se sont parqués vers le Petit Laité.

Et c’est là que les gens du village, il y avait déjà des gens au village qui allaient porter à manger. Ils avaient fait un rideau de branches qui avait mis le feu, qui était toujours alimenté par du bois (il y avait du bois autant qu’on voulait) et puis les gens y passaient, à travers ce feu, à manger à ces gens, à ces gens qui étaient restés. »