Le patois est la langue historique du Jura. Même s’il a subi quelques influences d’autres langues, notamment germaniques, il est avant tout issu d’une variété de latin qui s’est implantée dans la région lors de la conquête romaine. Pendant des siècles, cette langue, pleinement fonctionnelle, a servi de moyen d’expression dans tous les domaines de la vie quotidienne. Malgré l’influence croissante du français, le patois est resté, jusqu’à une période relativement récente, la langue usuelle de la majorité de la population.
C’est au XIXᵉ siècle que le déclin du patois s’accélère, sous l’effet des grands bouleversements de l’époque, marquée par un important brassage de population dû à l’industrialisation et, surtout, par la stigmatisation agressive des parlers régionaux dans les écoles publiques, où l’on enseigne le français, langue alors associée à la modernité et à la réussite sociale. Ainsi, dans les années 1950, la transmission du patois aux nouvelles générations s’interrompt définitivement, marquant le début de sa disparition progressive de l’usage public au cours du XXᵉ siècle1. Parallèlement à ce déclin, on constate un intérêt croissant pour cette langue que l’on se met à documenter, à écrire, à chanter, dont on fait des pièces de théâtre, en bref que l’on revalorise. Aujourd’hui, même si le patois est remis à l’honneur, sa pratique reste avant tout patrimoniale.
Appartenant aux langues d’oïl, le patois jurassien est très proche du patois franc-comtois, au point qu’il n’existe au nord-ouest aucune véritable frontière linguistique. Au nord-est, il est bordé par l’alsacien, à l’est par le suisse-allemand, tandis qu’au sud il côtoyait autrefois les patois du Jura bernois, des parlers de transition entre les langues d’oïl et le francoprovençal, disparus depuis au moins un siècle2.