Gilbert « Pache » Chavanne (25.08.1954)

Enquête à Grandfontaine le 20 juin 2025 (70 ans).

Gilbert quitte Cœuve, sa commune d’origine, à 21 ans pour rejoindre Grandfontaine, où il habite depuis. Il a travaillé dans le domaine de l’horlogerie et sur les chantiers.

Son grand-père ne parlait que patois et ses parents utilisaient le dialecte pour que leurs enfants ne les comprennent pas. Aujourd’hui, Gilbert est membre de l’amicale ajoulote, chante dans leur chorale et a participé à plusieurs pièces de théâtre. Il lui arrive encore d’échanger en patois avec des voisins ou des amis.

Donc voilà je m’appelle Gilbert Chavanne, je suis de 54. J’ai fait toutes mes écoles à Cœuve et puis j’ai commencé d’apprendre le patois avec mon grand-père qui ne parlait que le patois, et puis c’est ainsi que l’oreille s’est formée. Et puis à la maison quand mes parents voulaient dire quelque chose pour qu’on… qu’on n’entende pas ou qu’on ne comprenne pas, ils parlaient en patois. Mais bien sûr qu’après quelques fois qu’ils disaient, quand tu es jeune, tu apprends vite les langues, et puis nous avons vite su ce qu’ils disaient sur nous ! C’est ainsi que nous avons appris le patois. Puis après j’ai – été – quelques années que je ne parlais quasiment plus le patois parce quand t’es jeune te ne voulais pas te faire passer pour un ahuri, pour un fou quoi, tu ne parles plus le patois. Puis après c’est revenu quand j’ai commencé avec la chorale des patoisants, alors là, c’est là que j’ai fait – un gros saut pour rappendre le patois. Parce que pour parler le patois presque comme il faut maintenant il n’y a plus beaucoup de monde, ça c’est vrai. Mais pour le parler un peu, eh bien il faut le parler beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Si tu arrêtes de le parler – six mois, tu as du mal de le rappendre. Mais cela revient, cela revient, tout doucement, mais voilà quoi. Alors voilà un petit peu comment est-ce que j’ai appris le patois. Bon, c’est vrai que j’ai déjà quelques années mais je l’ai appris sur le tas, quoi. Je me rappelle, mes parents disaient que les élèves dans les années 35 – 40, ils allaient à l’école, ils ne savaient pas, les enfants ne savaient pas le français, ils parlaient tout en patois ! Et puis, ils se faisaient taper sur les doigts, parce qu’il fallait parler français à… à l’école ! Et puis, c’est dommage parce que cette langue a été bannie, a été mise de côté, il ne faut plus parler patois, maintenant c’est le français, puis c’est le français, puis – de ce côté-là, je pense que nous avons perdu beaucoup de gens qui parlaient patois, voilà.