Jean Babé (21.02.1937)

Enquête à Banvillars (Territoire de Belfort) les 1er et 27 mai 2025 (88 ans).

Sauf durant la guerre, où il a été déporté entre Ulm et le lac de Constance, Jean a passé son enfance à Courtavon (Haut-Rhin, France). Il a ensuite vécu à Seppois, Belfort, puis Banvillars. Il était employé du bureau des méthodes chez Peugeot. Par son métier, il a quelques bases d’allemand et d’alsacien « d’atelier ».

Ses parents et de nombreux habitants de son village de Courtavon parlaient entre eux et il se souvient avoir conversé avec ses tantes. Il a également fait partie d’une amicale de patoisants à Montreux-Jeune.

Jean Babé. Qui est-ce que je suis ? J’ai vu le jour en 1937 à Courtavon, que j’ai quitté à vingt ans pour partir de l’autre côté de la mer, dans un pays du soleil couchant. Ensuite, j’ai fait toute ma carrière dans l’industrie. Bien que très tôt loin de mon village, je n’ai jamais oublié mon Courtavon, duquel je vais vous dire quelques mots. Après la guerre de 1870, le kaiser a mis sa patte sur l’Alsace et, ainsi, sur Courtavon, qui est devenu Ottendorf. Alors, à l’école, il a fallu apprendre, parler allemand. Mais, les gens du village, ils continuaient à parler leur patois, le même que celui des Ajoulots : c’est, comme on peut dire, un langage sans frontière. Comment que j’ai appris le patois ? Mais, le patois, c’est ce que j’ai entendu en premier ! Ma mère ne me parlait pas en patois, mon père non plus, mais eux, eux, toujours les gens du village, qui parlaient patois, un que voulait avoir des nouvelles de son porc, de sa vache, ou bien aller travailler dans les champs, faire les foins, c’est comme cela que j’ai entendu. Je crois bien que même le coq chantait en patois chez nous !